Le monde de l’immobilier et du bâtiment traverse une période de profond changement des approches constructives. D’une part l’emploi de matériaux biosourcés se démocratise, d’autre part la réhabilitation est de plus en plus adopté par les Maîtres d’Ouvrage et Maîtres d’œuvre afin de transformer et d’exploiter le potentiel de bâtis déjà existants.
L‘esprit de cette approche est de donner une nouvelle vie aux matériaux qui peuvent être réutilisés. Les éléments qui sont encore fonctionnels et en bon état : faux-plafonds, faux-planchers, revêtements de sol, portes, mais aussi cloisons, fenêtres, maçonnerie, peuvent ainsi être récupérés et mis en œuvre sur d’autres chantiers.
Comment s’assurer que ces matériaux soient « conformes » aux exigences acoustiques ?
L’intégration des exigences acoustiques dans un projet de construction ou de rénovation utilisant du réemploi de matériaux nécessite une approche spécifique, car ceux-ci peuvent présenter des performances acoustiques différentes de celles des matériaux neufs. Une méthodologie structurée doit donc être mise en place :
- Identifier les matériaux disponibles : portes, fenêtres, cloisons, faux-plafonds, faux-planchers, maçonnerie, etc.
- Estimer leurs performances acoustiques :
- Analyse des DOE (Dossier des Ouvrages Exécutés) si ceux-ci sont disponibles,
- Si possible, faire des mesures in situ, avant que ces matériaux ne soient déposés, à défaut vérifier s’il existe des PV de mesures acoustiques ou estimer leur performance par calcul
- Vérifier leur constitution, l’épaisseur, leur masse volumique, etc…
- Repérer les défauts : fissures, joints défectueux, absence de calfeutrement, qui peuvent dégrader les performances acoustiques.
- Variabilité des matériaux : en l’absence de fiches techniques ou DOE, les performances acoustiques peuvent varier d’un étage à l’autre d’un bâtiment même si leur aspect est visuellement similaire. Il faut donc être très vigilant.
- Traçabilité : garder une trace des caractéristiques acoustiques des matériaux réemployés, en l’absence de fiches techniques ou référence exacte.
- Coût et temps : le réemploi peut nécessiter plus de mesures acoustiques et d’adaptations qu’un projet neuf. C’est un investissement que le MOA doit prendre en compte dès le début.
Le réemploi et l’acoustique sont donc bien compatibles à condition de maîtriser les caractérisations, d’adapter les solutions techniques et de vérifier les performances in fine. Une approche rigoureuse permet de concilier économie circulaire et confort acoustique, tout en participant à une approche vertueuse et durable.
Un cas concret de projet avec du réemploi : la façade-signature du projet du siège de Marignan à Malakoff (92) conçu par l’agence BFV Architectes (Jean Bocabeille) est constituée en partie de briques de réemploi. Acoustique & Conseil a réalisé la conception et suivi acoustique des travaux du projet. Pour en savoir plus :
https://bfv.team/fr/projects/malakoff#04_bfv_malakoff_frederic-delangle